Barack Obama, Une Terre promise, Fayard, 2020.

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Symboles confédérés et racistes. Une querelle tous azimuts (...)

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CNews/Fox News. À propos d’une comparaison française.

Cointelpro (FBI). Textes et documents.

Il est à la fois difficile et facile de parler de COINTELPRO, l’opération secrète du FBI sur tout ce que le « Bureau » analysait alors comme une activité politique subversive.

Il est facile d’en parler parce que cette opération est devenue un objet mythologique américain – bien qu’il se soit agi d’une entreprise d’ingérence policière dans les droits et les libertés de personnes physiques et morales. COINTELPRO est en effet cité dans de très nombreuses œuvres de fiction littéraire (y compris dans des fictions de langue française ayant les États-Unis comme localisation : Le Caméléon noir de Jake Lamar ou La Malédiction d’Edgar de Marc Dugain), un peu moins dans des œuvres cinématographiques.

Il est difficile de parler de COINTELPRO dans la mesure où certaines activités du FBI au titre de ce programme s’interdisaient d’avoir des traces écrites et donc des archives, que les acteurs du programme sont tenus au secret d’État et que les archives les plus importantes du FBI sur cette opération sont classifiées. Le FBI n’a ainsi consenti à publier certaines de ses archives qu’à propos de certaines personnes, soit uniquement des personnalités engagées dans la lutte pour l’égalité raciale (Betty Shabazz, Bayard Rustin, Mario Savio, Malcolm Little (Malcolm X), Martin Luther King, Jr., Stokely Carmichael…) ou de certaines organisations (Black Panther Party, Socialist Workers Party, The Communist Party USA, Nation of Islam, Freedom Riders, les groupes de la New Left, le KKK…), sans s’obliger à préciser si les archives qu’elle a publiées sont exhaustives et en s’interdisant de les identifier à COINTELPRO.

Aussi, même la date de naissance et la date de fin de l’opération se prêtent encore à débats ou à spéculations, même si 1956 (pour le début) et 1976 (pour la fin) sont les dates les plus citées. De la même manière, présenter COINTELPRO comme une initiative d’Edgar J. Hoover dirigée exclusivement ou spécialement contre le mouvement des droits civiques est susceptible de controverses historiographiques, ce réductionnisme étant difficile à accorder au fait que le programme du FBI est supposé avoir été créé sous les auspices du « contre-espionnage », concept qui renvoie nécessairement à des influences étrangères.

Il reste que c’est à ses pathologies relatives au mouvement des droits civiques que cette opération doit spécialement sa légende noire : quelle est la part du FBI et de COINTELPRO dans le dissensus entre Malcolm X et la Nation de l’Islam, dissensus qui coûta la vie à Malcom X en 1965 ? Quelle est la part du FBI et de COINTELPRO dans la mort d’une trentaine de membres du Black Panther Party ? Quelle est la part du FBI et de COINTELPRO dans l’assassinat, probablement par d’autres membres du BPP, de Sam Napier, directeur du journal du Black Panther Party à Oakland en Californie ? Que s’est-il passé à Chicago le 4 décembre 1969 lorsque Mark Clark et Fred Hampton, qui dormaient alors au quartier général du Party, sont tués par des balles policières supposément provoquées par deux coups de feu à l’intérieur de l’appartement ?

L’article ci-après de L’Humanité s’intéresse à l’un des deux événements qui ont permis de convaincre le grand public de l’existence de ce programme secret du FBI : en mars 1971, des militants d’extrême gauche formant le Citizens’ Committee to Investigate the FBI s’introduisent par surprise dans des locaux du FBI à Philadelphie et remettent à des médias les documents confidentiels relatifs aux opérations de surveillance politique du Bureau qu’ils ont emportés avec eux. Le deuxième événement eut lieu quatre ans plus tard, avec la Church Committee [du nom de son président démocrate Franck Church], une commission officiellement désignée « U.S. Select Committee to Study Governmental Operations with Respect to Intelligence Activities » et dont COINTELPRO compta parmi les innombrables curiosités et révélations de son rapport en quatorze volumes.

Michel Muller, « Scandale du Cointelpro : la face noire du FBI au grand jour », L’Humanité Dimanche, 23 mai 2021.

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