« Les drapeaux de Jasper Johns sont, somme toute, des représentations fidèles d’un objet ayant une existence propre dans le monde extérieure à la peinture – à la manière d’une pomme qui existe à la fois à l’intérieur et à l’extérieur d’une nature morte de Cézanne. Johns insiste cependant sur le fait que le rendu précis du drapeau n’est que sorte de stratégie libératrice : « Le fait d’utiliser le motif du drapeau américain m’a beaucoup servi, parce que je n’ai pas eu à le créer. Je suis donc passé à d’autres objets similaires tels que les cibles, choses que l’esprit connaît déjà. Ceci me laisse le champ libre pour travailler sur d’autres plans ». [Johns] cherche à faire prendre conscience au spectateur des différences fondamentales existant entre la surface peinte et l’objet réel et s’oppose résolument à l’effet d’illusion. Les subtiles modulations de matière et de tonalité qu’il obtient grâce à la peinture à l’encaustique sont d’autant plus perceptibles que l’image est familière. Les drapeaux de Johns sont considérés à juste titre comme les précurseurs du pop art, qui connut son apogée au début des années 1960 » (ELS, 1994-2002).